On écrase bien les vipères… by Jean Lamborelle

On écrase bien les vipères… by Jean Lamborelle

Auteur:Jean Lamborelle [Lamborelle, Jean]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2213013454
Éditeur: Fayard


XXV

Jeudi 12 mars 1981 — 14 h 10

La lecture du procès-verbal d’audition d’Elisabeth Mathieu, divorcée Rouquier, n’apporte rien de nouveau, ni sur les faits ni sur la personnalité de Benoît. Il y apparaît tour à tour comme un être charmant, enjôleur même lorsque tout va bien, irritable, agressif, méchant à l’occasion, voire brutal, dès qu’un grain de sable vient gripper les mécanismes.

Elisabeth a fait sa connaissance à l’université, très vite il lui a plu.

« Il ne voyait pas le monde à la façon des autres, il avait pour le décrire recours à des images inattendues, souvent poétiques, toujours originales, frisant parfois la provocation. Je suis tombée follement amoureuse de lui, et nous avons vécu ensemble quelques mois. Un jour, j’ai parlé mariage, non pour régulariser ma situation, ce n’était pas le problème, mais parce que je désirais avoir des enfants. L’enfant, ce serait l’accomplissement, la plénitude… Mon exaltation, davantage sans doute que mes arguments, a eu raison de ses réticences. Benoît m’a donc présentée à son père qui m’a d’emblée reçue avec beaucoup de chaleur. Je l’ai présenté au mien dont, par contre, sous l’apparence d’un accueil affable, j’ai senti les réserves. Cela me chagrinait, car j’accorde beaucoup d’importance au jugement de mon père. Cependant, il n’a pas vraiment tenté de me dissuader de ce mariage. De toute façon, il comprenait que ç’aurait été en pure perte, ma décision était bien prise. En outre, Benoît avait compris qu’il n’était pas le bienvenu, et ne ménageait pas ses efforts pour conquérir l’estime de papa. Dans une certaine mesure, il semble y être un moment parvenu. »

La première année du jeune ménage avait été en tout point heureuse. Elle s’était achevée presque en même temps par le succès de Benoît à ses examens, les avant-derniers, et la venue au monde du petit François. Ils habitaient un logement de deux pièces dans le XIVe, et vivaient des subsides cumulés que les parents continuaient à leur verser jusqu’à la fin des études, ainsi en avait-il été convenu.

« Nous avons passé une partie des vacances à Digne, chez mon père, et c’est là que les choses ont eu l’air de s’arranger entre lui et mon mari. Il lui arrivait même de l’emmener en montagne, c’est chez lui un signe qui ne trompe pas. Mais, de mon côté, je devinais le caractère factice des efforts de Benoît. De plus en plus, au fur et à mesure que je sentais de sa part une désaffection croissante, il semblait vis-à-vis de mon entourage animé du désir de plaire, je ne parle pas d’autres femmes, pas encore, mais de briller, ou, s’il ne parvenait ainsi à monopoliser l’attention, tout aussi bien de choquer.

« À cette époque, Benoît lisait beaucoup et subissait manifestement l’influence de ses lectures. D’un livre à l’autre, mais sans prendre conscience de sa versatilité, il changeait d’opinion. Dès la rentrée, il se montra moins assidu à la faculté, plus indifférent à la maison. Je lui en ai fait la remontrance, ce qui m’a valu une scène



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